La composition définitive de l’Assemblée des représentants du peuple sera connue le 29 novembre après la formation des blocs parlementaires. Le 21 novembre, les députés ont commencé à déposer des déclarations relatives à la formation des blocs parlementaires. Le dépôt des déclarations sera clôturé aujourd’hui mercredi, alors que la liste des blocs composant l’ARP sera proclamée, en effet, le 29 novembre lors d’une séance plénière après la présentation des noms des représentants des groupes parlementaires.
Il y a quelques mois, on se demandait à quoi ressemblerait le prochain parlement au vu de l’absence d’une force politique capable de rafler une majorité parlementaire assez confortable. A l’issue des résultats des élections législatives, ces craintes de voir se constituer un paysage parlementaire effrité et loin d’être homogène ou du moins gouvernable se sont concrétisées. Au fil du temps, les premières séances plénières nous ont confirmé également cette tendance. Il a fallu en effet un compromis contre nature entre Ennahdha et Au Cœur de la Tunisie pour parvenir à l’élection du président de l’ARP dès le premier tour.
Aujourd’hui, les grands traits du paysage parlementaire commencent progressivement à se dessiner, mais restent, en revanche, conditionnés par l’avancement des concertations autour de la formation du gouvernement, qui entament leur deuxième semaine. En effet, même si le parlement conservera, dans son ensemble et sauf nouveaux rebondissements de dernière minute, son actuelle composition qui repose notamment sur deux grands blocs parlementaires ceux d’Ennahda (52 sièges) et de Au Cœur de Tunisie (38 sièges) et sur plusieurs autres blocs dont le poids parlementaire est presque identique. Nous évoquons certainement les blocs du Courant démocratique (Attayar), 22 sièges, de la coalition Al Karama, 21 sièges, du Parti Destourien Libre (PDL), 17 sièges, du Mouvement du Peuple (Achaâb), 15 sièges et de Tahya Tounès, 14 sièges. Y aura-t-il de nouveaux blocs parlementaires qui se formeront à partir des coalitions et alliances politiques entre certains partis ? A quoi ressemblera le prochain paysage parlementaire à l’issue de sa composition définitive ? Assisterons-nous à de nouveaux rebondissements qui mettront au jour de nouveaux blocs ? Quels blocs parlementaires formeront l’opposition ? Des questions qui s’imposent aujourd’hui, alors que toute l’attention médiatique semble prendre la direction des concertations sur la formation de la nouvelle équipe gouvernementale.
En tout cas, la composition définitive de l’Assemblée des représentants du peuple sera connue le 29 novembre prochain après la formation des blocs parlementaires. Le 21 novembre dernier, les députés ont commencé à déposer des déclarations relatives à la formation des blocs parlementaires. Le dépôt des déclarations sera clôtué aujourd’hui mercredi, alors que la liste des blocs composant l’ARP sera proclamée, en effet, le 29 novembre lors d’une séance plénière après la présentation des noms des représentants des groupes parlementaires.
Notons que selon l’article 34 du règlement intérieur de l’ARP, il faut au moins sept députés pour former un bloc parlementaire, mais un parti ou une coalition ne peuvent former qu’un seul bloc parlementaire et chaque député n’a le droit d’appartenir qu’à un seul bloc de son choix.
La commission des finances dans l’opposition
Ce même règlement interne stipule également que la commission des finances, de la planification et du développement qui est chargée de l’examen des projets, propositions et questions relatives à la monnaie, aux impôts et à la fiscalité locale et nationale, le budget et les plans de développement, les emprunts et les engagements financiers de l’Etat, les activités des entreprises publiques… soit présidée par l’un des membres des partis qui siègent dans l’opposition.
Mais qui formera l’opposition de la deuxième législature ? En fait cette question est intimement liée au processus de concertations et négociations que mène actuellement le chef du gouvernement désigné Habib Jemli concernant la formation du gouvernement. En effet, si la majorité des partis laissent planer le doute sur leur éventuelle participation au gouvernement en attendant l’avancement des négociations et des pourparlers, seuls le Parti destourien libre et Tahya Tounès ont affirmé clairement ne pas avoir l’intention de participer à ce gouvernement. Dans ce sens la présidente du PDL, élue également députée, Abir Moussi a écarté toute possibilité de voir son parti participer au gouvernement Jemli. Houda Saâda, dirigeante au PDL a affirmé même que son parti ne votera pas pour le gouvernement de Habib Jemli. Elle a insisté dans ce sens que le PDL a choisi l’opposition, affirmant que le gouvernement de Jemli ne sera pas un gouvernement indépendant, quelle que soit sa composition, « car son président a été choisi par le parti Ennahdha ».
Même son de cloche chez Tahya Tounès, dont le président fondateur, Youssef Chahed, a affirmé lui-même qu’il ne fera pas partie du nouveau gouvernement. Son parti ne cesse de rappeler, également, qu’il se positionnera à l’opposition. Donc selon toute vraisemblance, la prochaine opposition de l’ARP sera composée principalement des deux partis le PDL et Tahya Tounès en attendant la décision tranchée du Courant Démocratique et du Mouvement du Peuple, soit participer à la formation du gouvernement en acceptant certains portefeuilles ministériels, soit rejoindre les partis à l’opposition.
Vers de nouveaux blocs
En tout cas, ces deux partis semblent mettre les dernières touches sur une opération d’unification de leurs deux blocs parlementaires. En effet, hier, les députés du Courant Démocratique, et ceux du mouvement du Peuple 15 sièges, se sont réunis au parlement pour traiter d’une possible formation d’un seul groupe parlementaire commun. Il est à rappeler que le député de Machrou Tounès Hasouna Nasfi est parvenu à former un nouveau bloc parlementaire en rassemblant des députés indépendants, et d’autres issus de partis de la famille centriste. En effet, Nasfi a annoncé récemment la création du bloc « La réforme nationale », regroupant outre les autres élus de Machrou Tounès, trois députés de Nida Tounès, trois d’Al Badil, ainsi que deux élus d’Afek Tounès et d’autres élus indépendants.
Il faut noter également, que même si les blocs parlementaires seront formés et annoncés définitivement le 29 novembre prochain, on pourra s’attendre à quelques modifications avec l’avancement du travail de la deuxième législature et le développement de la situation et du paysage politiques, des modifications qui seraient issues notamment de l’éventualité de voir des députés rejoindre d’autres blocs parlementaires, dans le cadre de ce qu’on appelle le tourisme parlementaire.
D’ailleurs, dans son discours inaugural en tant que nouveau président de l’ARP, Rached Ghannouchi a mis en garde contre les répercussions d’un tel phénomène sur tout le climat politique, promettant également que l’ARP se penchera sur l’amendement de son règlement interne pour mettre fin au tourisme parlementaire.